Le „Tree Climbing“ se traduit en français par « Grimper d’arbre », ce qui est beaucoup moins vendeur que l’anglicisme, il faut l’avouer. Il n’y a qu’à penser à Game Boy, Windows, PlayStation... ! Il s’agit en fait d’une discipline consistant à grimper dans les arbres sans utiliser de moyens qui risqueraient d’abîmer ces derniers. C’est la méthode qu’utilisent d’ailleurs les élagueurs et autres personnes susceptibles d’être amenées à monter aux arbres quand l’utilisation d’une plate-forme élévatrice n’est pas possible.
Il y a en France une association de Tree Climbing qui organise des stages de diverses durées et pour tous les niveaux, de la simple initiation jusqu'à passer la nuit dans un hamac en haut d’un arbre. L’un des centres est situé à Saint-Brisson dans la Nièvre, juste à côté de la Maison du Parc du Morvan. C’est le récit de mon après-midi dans ce lieu que je vous raconte maintenant.
A votre arrivée à Saint-Brisson en territoire nivernais, garez-vous sur le parking de la Maison du Parc qui est fléché puis rendez-vous à l’office de tourisme situé dans l’enceinte de la maison du parc.
Pour situer la Maison du Parc dans la Nièvre ou dans le Parc Naturel, consultez
http://pagesperso-orange.fr/camosine/camosine.html?menu=2
Si vous êtes en avance comme moi, n’hésitez pas à visiter les abords de la Maison du Parc. Vous pouvez ainsi suivre le sentier éducatif qui longe l’étang du Taureau et découvrir et observer les oiseaux, les insectes, les batraciens et les plantes qui peuplent les environs.
Vous pouvez également étudier la flore dans l’Herbularium qui reconstitue différents milieux avec la végétation appropriée ou en suivant les panneaux situés sous les arbres portant leur nom. Enfin, s’il pleut et que vous ne souhaitez pas vous mouiller ou si vous préférer faire des emplettes, vous pouvez également visiter le musée de la résistance ou l’écomusée du Parc Naturel ou encore trouver quelques produits locaux à déguster et de nombreux livres et brochures à l’office de tourisme, chacun ses goûts.
N’oubliez pas de vous équiper de bonnes chaussures de sport style chaussures de randonnée et des vêtements adaptés à la situation, c’est-à-dire qui ne craignent pas d’être tâchés ou abîmés, et qui offrent suffisamment de protection contre le vent et le froid la cas échéant. Pensez également à attacher vos lunettes (ou ne pas les prendre), attacher vos cheveux et fermer vos poches pour éviter la chute d’objets lors de la montée. Il ne sert à rien d’emmener sa tronçonneuse ou sa canne à pêche, par contre rien n’empêche de monter son appareil photo avec batteries chargées ou sa lecture du moment si l’ennui s’installe.
Pour en revenir au Tree Climbing et le stage aventure que j'ai suivi, tout commence par une courte formation théorique au sol, avec consignes de sécurité et explications très brèves des principes de la discipline. Nous sommes 3 élèves pour un moniteur au bas du hêtre qui est la cible du jour, un bel arbre dont le tronc a une circonférence d’environ un mètre au sol et une hauteur que j’estime à 30 à 40 mètres (cà dépend si on prend en compte les feuilles...).
Quelques mots sur le Hêtre commun (Fagus Sylvatica):
Photos: fruit et feuilles du Hêtre Cela m’a semblé très rapide pour assimiler, moi qui n’ai jamais pratiqué d’escalade et je doutais avant de monter si je serais bien capable de les mettre en œuvre correctement sans rien oublier. Pour autant et après coup, on se retrouve directement plongé dans le bain et c’est une bonne chose pour ne pas commencer à psychoter. L’encadrement nous laisse beaucoup d’autonomie, ce qui est également une bonne chose pour prendre confiance en soi, ne pas reposer sur l’assistance du formateur car c’est bien à nous de monter et pas au formateur de nous faire monter ! Finalement il s’agit bien d’un apprentissage par la pratique, un travail de terrain, et non d’un apprentissage comme sur les bancs de l’école auquel. Il faut bien y monter pour de vrai dans cet arbre et non décortiquer le problème sur papier ! A notre disposition, un harnais à enfiler tel un short et à serrer pour qu’il soit bien confortable et au besoin efficace, un double jeu de cordes avec mousquetons de sécurité automatiques que l’on apprend vite a manipuler, tout d’abord la longe avec une réserve de corde de 4 mètres que l’on attache aux anneaux latéraux du baudrier et une autre corde de 38 mètres qui est destinée à nous suivre sur tout notre parcours entre les branches. Il ne faut jamais dépasser son point d’ancrage sous peine, si on tombe, d’avoir une trajectoire dangereuse. De plus, il faut veiller à avoir en permanence le moins de mou possible dans les cordes. En effet, une corde tendue nous retient alors qu’une corde détendue ne nous retiendra que quand elle sera tendue… Elle est équipée d’un guide en plastique qui, une fois arrivé en haut de l’arbre, nous permettra de descendre en rappel sans avoir de glissement de la corde sur l’arbre ce qui endommagerait la corde et l’arbre.
On apprend à faire un nœud autobloquant, ou il faut faire passer 3 fois la corde autour de la corde et on apprend à le manier, le serpent sort du puits... (Ce doit être un serpent aquatique style anaconda). Enfin, on a un petit casque sur la tête, histoire de faire plus vrai et moins touriste... Et puis bien vite tout est prêt pour commencer la pratique.
Le principe de montée est assez simple ; après avoir rejoint les premières branches à l’aide d’une petite échelle de corde, on se positionne sur une branche puis on lève les yeux vers où l’on veut aller. Il faut toujours orienter son regard dans la direction où l’on veut aller, afin de ne pas choisir une impasse, de sélectionner une voie qui nous convient et d’ailleurs en bas, il n’y a rien à voir et on risque juste d’attraper le vertige. Ensuite, il s’agit de cibler une branche située au dessus de soi et susceptible de supporter son poids avec un bon coefficient de sécurité et d’arriver à enrouler la corde à cette branche en la lançant comme un lasso : c’est le point d’ancrage. Le plus haut est la branche, le moins on aura à répéter cette manœuvre, c’est la toute la difficulté : attraper la bonne branche avec le moins d’essais possible ! Les branches ne bougent pas comme les vaches dans les prairies américaines du temps des cow-boys pour autant ce n’est pas simple. Et cela est particulièrement difficile quand quelqu’un vous précède car vous risquez bien de le blesser si vous êtes maladroit ou malchanceux. Si donc comme moi, vous n’êtes pas le premier à monter, faites vous aider et au lieu de lancer la corde, donnez là à la personne située devant vous, cela facilite grandement la tâche. Ou alors attachez discrètement votre mousqueton à celui de la personne qui vous précède sans la prévenir, ce qui revient au même... En fonction de l’arbre, le nombre et la configuration des branches varient, offrant différentes voies pour arriver au sommet. A chacun de créer son itinéraire, en fonction de sa souplesse, de ses capacités physiques, de ses envies... Un conseil, bien regarder tout autour de soi afin de bien envisager les différentes opportunités qui s’offrent à chaque instant. Et comme il n’y a pas 2 arbres identiques, à chaque nouvelle montée, c’est une nouvelle aventure, un nouveau défi et une nouvelle expérience. Le plaisir vient, il me semble, d’arriver à réussir ce que l’on entreprend, c’est-à-dire ce fixer des objectifs, passer de telle à telle branche par tel ou tel chemin, et de les concrétiser, de
grimper, d’arriver à se surmonter, à réaliser des gestes que l’on pense tout d’abord ne pas être capables car on ne les a jamais pratiqués tout simplement. Parfois, cela semble impossible, on tend la jambe mais çà ne suffit pas, on ne pense pas pouvoir transférer l’effort d’un côté de son corps à l’autre, et pourtant, une fois que l’on se lance, tout devient plus simple, peut-être l’instinct... Et puis c’est aussi l’occasion de s’entraider, de
partager avec ses camarades de cordée (même si on a chacun des cordes différentes), de se motiver et de faire des blagues : on n’est pas si proches du singe, non de non ! C’est aussi
découvrir de nouvelles sensations, observer la nature, prendre confiance dans son matériel et en soi, les premières peurs passées, les premiers gestes acquis, tout devient plus systématique. Avec l’habitude, il est certain que tous les gestes deviendraient des automatismes, comme tout métier. Selon le formateur, 3 points d’appui suffisent pour être stable et pouvoir progresser, c’est l’isostatisme de la mécanique ! Au final, le plaisir vient donc d’
apprendre quelque chose de nouveau, sur soi, sur la nature, sur cette discipline, sur les autres, c’est un enrichissement culturel.
Bientôt, nous sommes donc 4 dans le hêtre, qui bouge naturellement sous l’effet de nos mouvements respectifs et nous progressons toujours plus haut. On tire sur les bras, on pousse sur les jambes, on s’agrippe au tronc, aux branches ou à notre corde, on est tantôt debout, tantôt assis sur une branche, tantôt assis dans le harnais... Arrivés à 19 mètres environ, on redescend, les branches au dessus sont moins solides et le temps défile, c’est déjà l’heure de partir. La descente s’effectue donc en rappel, c’est là que l’on prend conscience de l’ingéniosité du nœud de notre corde, ce fameux nœud qui bloque automatiquement mais qui laisse couler la corde selon notre gré. Gravité et pesanteur contre frottement, voici la clef de l’équilibre des forces.
Aussi, pour moi qui n’avais jamais fait de quelconque leçon d’escalade, je me suis surpris à réaliser les passages de branche en branche relativement facilement. La discipline s’adresse à chacun d’entre nous, chacun devant juger de ses capacités et motivations.
Une aventure à vivre et à revivre.
Pour plus d’informations,
- l’adresse du site officiel du Tree Climing en France :
http://www.treeclimbing.fr
- l'adresse du Parc Naturel du Morvan
http://www.parcdumorvan.org/
- le Hêtre:
http://www.tela-botanica.org/eflore/BDNFF/4.02/nn/75130